- mêler
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• mesler 1080; lat. pop. misculare (IXe), class. miscereI ♦ V. tr.1 ♦ (Rare en emploi concret) Unir, mettre ensemble (plusieurs choses différentes) de manière à former un tout. ⇒ amalgamer, combiner, confondre, fondre, fusionner, mélanger, unir. Mêler des substances. Mêler des sons, des odeurs.♢ Réunir (des choses abstraites) réellement ou par la pensée. Mêler plusieurs sujets, plusieurs thèmes dans une œuvre. Il mêle dans sa réprobation les gens les plus divers.2 ♦ Manifester à la fois dans sa personne (des qualités différentes ou opposées). ⇒ allier, joindre. Mêler la bonhomie à la force.3 ♦ Mettre en un désordre inextricable. ⇒ brouiller, embrouiller, mélanger; méli-mélo. Il a mêlé tous mes papiers, toutes les notes que j'avais prises. ⇒ emmêler. Mêler des fils. ⇒ entremêler. Mêler les cartes. ⇒ battre, brouiller.4 ♦ Ajouter (une chose) à une autre, mettre (une chose) avec une autre, dans une autre sans qu'il y ait forcément mélange. — MÊLER À... « Des fleurs légères Que tu mêlais parfois à tes cheveux dorés » (Aragon). Mêler des détails pittoresques à un récit. « Les annales humaines se composent de beaucoup de fables mêlées à quelques vérités » (Chateaubriand). — MÊLER AVEC... Mêler la danse avec la musique. — MÊLER DE... Mêler un pamphlet d'allusions médisantes. Blanc mêlé de bleu. Plaisir mêlé de chagrin.5 ♦ Faire participer (qqn) à qqch. Mêler qqn à une affaire. ⇒ associer, impliquer. Il a été mêlé à une affaire louche. Je ne veux pas être mêlé à ça.II ♦ SE MÊLER v. pron. A ♦ (Choses) Être mêlé, mis ensemble. Odeurs qui se mêlent. Peuples, races qui se mêlent. ⇒ fusionner. — SE MÊLER À, AVEC : se joindre, s'unir pour former un tout. Les oraisons de l'ecclésiastique « se mêlaient aux sanglots étouffés de Bovary » (Flaubert). « Son visage était ardent [...] et l'impatience de vivre s'y mêlait à l'épouvante de mourir » (Martin du Gard). — Il se mêle du dépit à sa colère. ⇒ entrer (il entre... dans). B ♦ (Personnes)1 ♦ Se joindre à (un ensemble de gens), aller avec eux pour ne former qu'un seul groupe. Ils se mêlèrent à nous. Se mêler à la foule.2 ♦ Participer, prendre part (à une activité). ⇒ s'associer, participer. Se mêler à la conversation. « Ils appartenaient à un parti. Ils se mêlaient à tous les grands remous sociaux » (Giraudoux).3 ♦ Spécialt SE MÊLER DE (suivi d'un subst., d'un inf.). ⇒ s'occuper (de). « La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde » (Valéry). « nous nous mêlons de tout maintenant, nous feignons de nous intéresser à des tas de choses qui ne nous regardent pas » (R. Rolland). — Fig. « un enfantillage devient grave quand l'orgueil s'en mêle » (Musset).♢ Se mêler des affaires d'autrui. ⇒ s'entremettre, s'immiscer, s'ingérer, intervenir. Mêlez-vous de vos affaires, de ce qui vous regarde ! De quoi se mêle-t-il, celui-là ? De quoi je me mêle ? — Loc. fam. Mêle-toi de tes oignons ! (cf. Occupe-toi de tes fesses !).4 ♦ S'aviser de. Lorsqu'il se mêle de travailler, il réussit mieux qu'un autre.⊗ CONTR. Démêler , dissocier, isoler, séparer, trier; discerner. Classer.Synonymes :- fondre- marier- mélangerContraires :Allier, joindre quelque chose à quelque chose (d'autre)Synonymes :- allier- associerManifester en soi des qualités différentes sinon opposéesSynonymes :- joindreMettre des choses dans le plus grand désordreSynonymes :- emmêler- enchevêtrer- entremêlerFaire participer quelqu'un à une action, l'y impliquerSynonymes :mêlerv.rI./r v. tr.d1./d Mettre ensemble (plusieurs choses, plusieurs substances) de manière à les confondre, à les unir. Mêler de l'eau et du vin.|| (Abstrait) Mêler le tragique au comique.— Pp. adj. Péjor. Une société très mêlée, où des individus peu estimables côtoient des personnes honorables.d2./d Mettre en désordre, emmêler, embrouiller. Mêler du fil.d3./d Impliquer (qqn) dans quelque affaire. Ne me mêlez pas à vos querelles.rII./r v. Pron.d1./d Se confondre, s'unir. L'odeur des roses se mêlait à celle du jasmin.d2./d Se mêler de: s'occuper de.— Fam., péjor. Mêlez-vous de vos affaires!⇒MÊLER, verbe trans.I. — Emploi trans.A. —[L'obj. désigne des choses concr.]1. Mettre ensemble et mélanger, de manière à former un tout dont les éléments ne sont plus discernables.a) Synon. mélanger (plus fréq. dans ce sens), amalgamer, malaxer, mixtionner. Mêler des choses, deux ou plusieurs choses; mêler étroitement, intimement, inextricablement deux choses; mêler des substances, des liquides, des drogues; mêler des sons, des odeurs:• 1. Les légumes, le lait et le fromage, avec une sorte de pain composé des diverses farines de seigle, d'orge et de pois mêlés ensemble, formaient toute leur nourriture.DUSAULX, Voy. Barège, t.1, 1796, p.66.♦Mêler les couleurs. Les mélanger. C'est (...) artificiellement que sur la palette un peintre mêle diverses couleurs pour composer un ton (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p.26).♦Mêler le vin (vx). ,,Mettre ensemble des vins de diverses sortes`` (LITTRÉ). Synon. couper, frelater.♦Mêler du mortier. Mélanger les éléments dont le mortier est constitué. Il mêla du mortier, lia des fagots (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Vagabond, 1887, p.668).♦Mêler deux races d'animaux. Accoupler des animaux de race différente.Au fig. Tous les loups d'Outre-Rhin ont mêlé leurs espèces: Vandale, germain et teuton (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1884, p.79).b) Mêler une chose avec une autre. On tempéreroit l'effet de l'émétique en le mêlant avec la manne (GEOFFROY, Méd. pratique, 1800, p.189). Lorque la béchamel est réduite, mêlez la purée de champignons avec la sauce (Gdes heures cuis. fr., J. Gouffé, 1877, p.185).2. Ajouter une chose à une autre, de manière à former un tout. Synon. mélanger.a) Mêler une chose à une autre. Une formule pour mêler l'essence de noisette à des corps oléagineux moins chers (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.160). V. amalgamer ex. 3:• 2. ... vous les broyez [les pommes de terre] dans la casserole, les passez par le tamis de crin, et les pilez ensuite en y mêlant deux jaunes d'oeufs et un peu de crème bien épaisse.Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p.143.— Rare. Mêler d'une chose à une autre. Est-ce que tu ne crois pas qu'il a mêlé de son sang au nôtre, et que désormais il est de la famille? (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p.120).b) Mêler une chose dans une autre. Probablement ces femmes avaient mêlé dans ma boisson quelques-unes de ces drogues assoupissantes dont elles ont le secret (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p.49).c) Rare. Mêler une chose parmi d'autres. Mon nom saxon, mêlé parmi des cris de guerre (HUGO, Œuvres compl., t.1, Odes et ballades, Paris, Hetzel, 1880 [1828], p.237).d) Mêler une chose d'une autre. Il avait mêlé fortement son café de cognac (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Veillée, 1882, p.796).3. Mettre en désordre, brouillera) Mettre en désordre, brouiller (ce qui doit l'être):• 3. J'ai écrit le nom de sept villes différentes sur autant de billets; je les ai mêlés, et j'en ai tiré un au hasard. J'irai donc demeurer à Wilna, puisque Wilna m'est tombé sous la main.GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.202.♦Mêler les cartes. Les battre. Un joueur, dont les manières, le regard, la voix, la façon de mêler les cartes leur prédisent une défaite (BALZAC, Tén. affaire, 1841, p.17).b) Mettre en désordre, brouiller (ce qui est normalement séparé). Synon. emmêler. L'homme (...) mêla ses pieds d'une façon si inextricable, qu'il ne distingua plus le droit du gauche (HAMP, Marée, 1908, p.30).— Région., pop. Mêler ses sabots. ,,Coucher avec une femme ou une fille. Expression normande`` (FRANCE 1907).— P. ext. Imbriquer. Le vent qui vient mêler ou disjoindre les branches (NOAILLES, Coeur innombr., 1901, p.12).c) Mettre en désordre, brouiller (ce qui est normalement rangé, ordonné, classé). Mêler des fiches, des dossiers, des papiers... C'était une encyclopédie dont on avait mêlé les feuilles à la reliure (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.511).4. Rare, vx. Mêler une serrure. ,,Fausser les gardes ou quelque ressort d'une serrure, en sorte que la clef ne puisse ouvrir`` (LITTRÉ).B. —[L'obj. désigne des choses abstr.]1. [En parlant d'une pers. ou p. méton. de son corps, de son esprit] Présenter simultanément des qualités, des traits caractéristiques différents, voire opposés. Le modelé farouche de cette tête mêlant hideusement l'ombre et la lumière (HUGO, Homme qui rit, t.3, 1869, p.154). Quand la Bacchante mêle à ses attraits violents la naïve innocence (...) quel fils d'Adam lui résisterait? (ARNOUX, Roi, 1956, p.233). Une des grandes singularités de Gide, c'est d'avoir mêlé en sa personne J. J. Rousseau et les Encyclopédistes (COCTEAU, Poés. crit. I, 1959, p.209).2. Réunir, associer.a) [Le suj. désigne un animé] Converser agréablement sans s'appesantir sur les objets, mêler l'enjouement à la gravité, se proportionner aux personnes qui écoutent (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1616).b) [Le suj. désigne un inanimé] L'arrivée du Roi, la rentrée du Parlement, l'ouverture de la saison des fêtes, mêlaient les devoirs, les affaires et les plaisirs (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.100):• 4. Les phénomènes de la nature se présentent le plus souvent accompagnés de tant de circonstances étrangères; un si grand nombre de causes perturbatrices y mêlent leur influence, qu'il est très-difficile, lorsqu'ils sont très-petits, de les reconnaître.LAPLACE, Théorie analyt. probabil., 1812, p.349.3. Confondre. Il ne faut pas tout mêler. À la fin elle ne pouvait plus, mêlait tout, modelait d'autres mots, s'énervant jusqu'à la folie (MAUPASS., Une Vie, 1883, p.254). Je ne suis pas victime d'une confusion, je ne mêle pas la pensée causale et la réflexion (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p.251).C. —[L'obj. désigne des êtres animés]1. Mêler qqn à qqc. Faire prendre part à; impliquer dans. (Essayer de) mêler qqn à la conversation, aux entretiens, à la négociation. Était-il besoin de mêler ce garçon qui m'était confié à cette triste intrigue (...)? (BOURGET, Disciple, 1889, p.131). Nicole a été mêlé de très près aux débuts de cette affaire (BREMOND, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.483). Vous n'allez pas mêler Mademoiselle Isabelle à ces scandales? (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, I, 5, p.41).— Plus rarement. Mêler qqn dans qqc. Nous avons mêlé Dieu dans nos querelles (LAMART., Voy. Orient, t.1, 1835, p.37). Malgré mon innocence, je puis être mêlé dans un procès infâme (BALZAC, Splend. et mis., 1846, p.472). Mais il est fâcheux qu'il ait été mêlé dans cette bagarre (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1853, p.215).2. Rare. Unir dans une activité commune. Ils ne menaient pas grand vacarme, au milieu des bavardages de porte à porte, des voisinages mêlant les femmes, dans un continuel remous d'appels, de réponses, d'objets prêtés, de mioches chassés ou ramenés d'une claque (ZOLA, Germinal, 1885, p.1260).3. Rare. Mêler deux personnes, mêler qqn avec qqn d'autre. Les confondre l'un avec l'autre. Mais la pauvre dame se faisait vieille; elle (...) radotait un peu et mêlait étrangement M. Crottu avec un ancien oratorien (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.319).♦Mêler une personne à une autre. Hans [à Christine]: Vous irez dans cette ville qui vous hait, parce qu'elle vous mêle à ma personne (COCTEAU, Bacchus, 1952, II, 8, p.151).♦En partic. Confondre ou associer dans les propos. J'éprouvai une impression étrange et terrible à m'entendre ainsi mêlé à des êtres et des choses d'un autre âge (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.335).4. Région. (Canada). ,,Embrouiller, faire perdre à quelqu'un le fil de ses idées. Tais-toi donc, tu me mêles, et je ne sais plus quoi dire`` (Canada 1930).Emploi pronom. réfl. S'embrouiller. Il se vantait de connaître les chantiers d'en haut comme ses prières et il ajoutait immanquablement: — Mieux que mes prières, parce que je me mêle des fois (M. TRUDEL, Vézine, Montréal, Fides, 1946, p.62 ds D.ROGERS, Dict. de la lang. québecoise rurale, Montréal, 1977, p.164).5. HIPPISME, vx. Mêler un cheval. ,,Embrouiller son travail, de telle manière qu'il ne sache plus ce qu'on exige de lui`` (LITTRÉ).II. —Emploi pronom.A. — Se mêler, se mêler à, avec. S'unir pour former un tout.1. [Le suj. désigne un inanimé]a) [concr.] L'eau de la fontaine crevée se mêlait avec le sang (FLAUB., Éduc. sent., t.2, 1869, p.110). Une humidité fétide, dont la puanteur se mêlait à l'âcreté de l'oignon cuit (ZOLA, Assommoir, 1877, p.422). Toute la plaine était vide, à travers une poussière d'eau qui délavait les formes proches, les silhouettes d'arbres isolés (...) dans un gris uniforme, triste, où se mêlaient le ciel et la terre (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.98).b) [abstr.] La plaisanterie se mêle à la fureur, la douceur à l'amertume. Car l'égoïsme et l'amour se mêlaient si bien dans mon sentiment, qu'il ne m'était plus possible de discerner si... (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p.68). La concurrence est pure si elle ne comporte aucun mélange, c'est-à-dire ne se mêle à aucune force de monopole (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p.282):• 5. ... c'est la satisfaction de lire vos articles si élevés et si charmants, où la grâce d'un noble esprit se mêle à la générosité du coeur.HUGO, Corresp., 1862, p.394.— Impers. Il se mêle à... Et il s'y mêle encore un souvenir de l'homme qui les a fait souffrir et jouir, qu'elles ont méprisé peut-être, mais aimé (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1515).— Se mêler dans. Entrer dans. La vanité se mêle dans tout ce qu'ils font (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p.297).2. [Le suj. désigne un animé]a) Se mêler à qqc. (une activité). Se mêler à des jeux, à la conversation, à une querelle. Le marquis vint se mêler à l'entretien (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.55). Nous qui ne nous mêlons pas directement à la guerre (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p.237):• 6. Le papier blanc, l'encre, la plume m'effrayent. Je sais qu'ils se liguent contre ma volonté d'écrire. Si j'arrive à les vaincre, alors la machine s'échauffe, le travail me travaille, et l'esprit va. Mais il importe que je m'y mêle le moins possible, que je somnole à demi, la moindre conscience de ce mécanisme l'interrompt.COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p.14.— Rare. [Le subst. introd. par à ne désigne pas une activité] J'aurais voulu (...) me vautrer dans la neige étincelante, me mêler à toute cette nature, et me fondre comme un atome dans cette immensité (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.68).b) Se mêler. Se mêler à, avec d'autres; se mêler dans, parmi (vx) (un groupe, une collectivité). Il descend, se mêle dans la foule (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.286). Je veux seulement (...) me mêler parmi les groupes des mécontents (SCRIBE, Bertrand, 1833, II, 2, p.149). Nous nous étions mêlés tous deux aux badauds (GIDE, Journal, 1935, p.1233). Blancs et noirs se mêlaient sans s'unir (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p.16):• 7. Ce ne sont point non plus les individus composant le parti des émigrés qui déplaisent aux Français; restés en France, ils se sont mêlés avec eux dans les camps...STAËL, Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.168.— Absol., vx. Se mêler. [En parlant d'animaux ou en parlant de races] ,,S'accoupler ou s'unir par des croisements`` (LITTRÉ; ds Lar. 19e et Lar. 20e).B. — Se mêler de qqc./s'en mêler1. [Le suj. désigne un inanimé]a) S'accompagner de. Il se rentortille dans la laine et se rendort avec un gargouillis où le rire se mêle de ronflements (BARBUSSE, Feu, 1916, p.204). Attendrissement, qui se mêle d'un regret sans fin (DURRY, Nerval, 1956, p.132).b) S'en mêler. Jouer un rôle néfaste. Le mauvais temps, le brouillard, la famine, la malchance, la passion, l'égoïsme, la spéculation s'en mêle. Souvent l'imagination s'en mêle, et l'on prend de simples apparences pour des réalités (DUSAULX, Voy. Barège, t.1, 1796, p.52). La politique s'en mêla; il se forma un complot, une cabale à mon insu (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.447).— Rare. [Sans valeur négative] Un dimanche d'été, quand le soleil s'en mêle, Londres forme un régal offert aux délicats (VERLAINE, Poèmes divers, 1896, p.800).Rem. Dans cet ex., le sujet est plus ou moins personnifié. À rapprocher de infra B 2 a.2. [Le suj. désigne un animé]a) S'occuper de. Mêlez-vous de vos affaires (et pas des miennes); Mêle-toi de ce qui te regarde. Nous aurions été bien mal traités si je ne m'étais pas un peu mêlé de la cuisine (PICARD, Théâtre, t.4, Tracass., 1804, p.238). Tous les fonctionnaires qui s'étaient mêlés de mon élection aspiraient à un avancement (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.344):• 8. Une femme, surprise en flagrant délit de conversation avec un envahisseur, était soigneusement repérée et le lendemain, la police s'en mêlait...VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.168.♦Le diable s'en mêle. Il y a là une influence inexplicable, mystérieuse. On aurait dit que le diable lui-même s'en mêlait (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.105).b) Plus gén. S'occuper indûment de... De quoi se mêle-t-il? Gros laid petit homme, actif, laborieux, qui se mêle de toute chose et de toute science (MICHELET, Journal, 1835, p.168).♦Pop. De quoi je me mêle (je au lieu de la 2e pers.):• 9. LE PLOMBIER: C'est pourtant pas faute d'avoir des maris! LA BONNE: De quoi je me mêle! d'abord, vous saurez qu'elle n'a qu'un ami. LE PLOMBIER: À la fois!...TR. BERNARD, M. Codomat, 1907, I, 3, p.142.— [L'obj. indir. est un subst. sans article] Se mêler de poésie, de littérature. Son aîné [du chevalier de Méré], M. de Plassac-Méré, s'était aussi mêlé de bel-esprit (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t.3, 1844-64, p.89).— [L'obj. indir. est un inf.] Un Juif (...) qui se mêlait de prédire l'avenir (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.253):• 10. ... il prend les airs d'un homme qui a le droit, évidemment, de penser ce qu'il veut, mais qui ne se mêle pas de juger à tort et à travers, de critiquer, de pérorer comme certains.ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p.248.REM. 1. Mêlant, adj. [Dans la constr. c'est/c'est pas mêlant] Compliqué. Si tu tricotais, ça t'aiderait à passer le temps. Veux-tu, que je te monte un tricot? — J'ai essayé (...). Mais je perds la centaine à tout coup. — Pourquoi que tu couds pas d'abord? C'est moins mêlant (G. GUÈVREMONT, Maris-Didace, 1947, p.116 ds Richesses Québec 1982). Si je serais vous, c'est pas mêlant, je me présenterais député! (A. RICARD, La gloire, 1975, p.12, ds Richesses Québec 1982). 2. Mêlé-classes, subst. masc., hapax (p. plaisant. [et jeu de mots avec mêlé-casse, le témoignage de L. Daudet donnant cependant à penser que ce mot composé a eu une certaine fortune)] Personne issue de parents appartenant à des classes sociales différentes. Il était demeuré, en dépit d'une instruction très poussée, le fils de la cuisinière et de monsieur, ce qu'on appelle assez justement un mêlé-classes (L. DAUDET, Am. songe, 1920, p.13). 3. Mêlement, subst. masc., rare, littér. a) Action de mêler. Puisque nous en sommes venus sans crier gare aux promesses d'assistance mutuelle, et puisque tu as dit à De Pradts que c'était «à la mort à la vie», nous pourrions peut-être faire le mêlement des sangs. Tu as dû en entendre parler (MONTHERL., Ville dont prince, 1951, II, 3, p.897). b) Choses mêlées, mélange, emmêlement. Le premier éclair révéla à Peer un mêlement de croupes luisantes, de têtes chevalines (P. GASCAR, Les Bêtes, 1953, p.13 ds ROB. Suppl. 1970). 4. Mêlerie, subst. fém., hapax. Fait de tout mêler. Conversation pleine d'évidences muettes, de faussetés parlées et bientôt démenties. (...) mouchoir brodé plissé en tout sens sur le genou qui tremble par une main qui ne sait ce qu'elle fait, pendant qu'on écoute ce qu'on ne sait pas que l'on dit, intoxication et mêlerie dont le diable lui-même ne se tirerait pas (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p.283). 5. Mêle-tout, adj. a) Qui se mêle de tout avec indiscrétion. Elle avait plutôt l'air d'une paysanne (...). Et sans gêne, et mêle-tout, voulant savoir qui ces dames voyaient (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p.57). b) Emploi subst. Il venait aussi à la maison un garçon de grand talent, Henri Pagat, ayant le sens du comique des infatués, des mêle-tout, des friseurs de leur moustache (L. DAUDET, Qd vivait mon père, 1940, p.197). Ne figure pas ds les dict. M. PIRON (ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg, 1973, p.301) le signale comme un ,,belgicisme lexical``. PAULI 1921, p.76: ,,Ce mot s'emploie dans plusieurs patois du Nord et du Centre``.Prononc. et Orth.: [
], [me-], (il) mêle [
]. Ac. 1694 et 1718: mesler; dep. 1740: mêler. Comparer mêler avec l'accent circonflexe d'apr. mêle et mélange, mélanger avec l'accent aigu conformément au timbre fermé en syll. atone. Étymol. et Hist. 1. a) Fin Xe s. mescler «mélanger plusieurs choses et les confondre» (Passion, éd. D'Arco. Silvio Avalle, 279); b) ca 1180 «unir, joindre (des sentiments)» (THOMAS, Tristan, 408 ds T.-L.: mais ire est mellee od amur); c) 1180-90 réfl. «s'embrouiller» (ALEXANDRE DE PARIS, Alexandre, IV, 483 in Elliott Monographs, 37, p.331); d) 2e moitié XVe s. se mesler à «avoir compagnie charnelle avec» (Mystère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, IX, 5209); d'où 1585 (N. DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel, Appendice, t.2, p.371: la Province [...] moins meslee et bigarree de sang); 2. ca 1100 «se prendre de querelle» (Roland, éd. J. Bédier, 257); 3. a) ca 1160 se meller de «s'occuper de» (Moniage Guillaume, I, 309 ds T.-L.); b) mil. XIIIe s. «s'ingérer mal à propos» (HUON LE ROI, Male Honte, éd. A. Långfors, 152: S'uns fols se mesle de mesdire); 4. a) 1530 se mesler a «participer à, avoir affaire à» (PALSGR., p.510); b) 1585 «aller parmi, fréquenter» (N. DU FAIL, op. cit., t.2, p.263: ... les roturiers, bourgeois, et autres non nobles, ne se mesloient aucunement parmy les nobles). Du lat. pop. misculare (att. au IXe s., v. NIERM.) élargissement du lat. class. miscere «mêler, mélanger; troubler, bouleverser»; se miscere «se mêler à, se joindre à; s'accoupler». Fréq. abs. littér.: 6 535. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 10549, b) 10462; XXe s.: a) 9117, b) 7699. Bbg. PAULI 1921, p.76 (s.v. mèle-tout). — VÄÄNÄNEN (V.). De quoi vous mêlez-vous? Rom. Jahrb. 1958, t.9, pp.113-125.
mêler [mele] v. tr.ÉTYM. 1080, mesler; mescler, v. 980; du lat. pop. misculare (IXe), lat. class. miscere.❖1 (V. 1190). Rare en emploi concret. a Unir, mettre ensemble (plusieurs choses différentes) de manière à former un tout. ⇒ Agglutiner, amalgamer, combiner, confondre, fondre, fusionner, mélanger, unir. || Action de mêler. ⇒ Mélange. || Mêler des substances, des liquides… pour former une pâte, une solution. ⇒ Agiter, battre, brasser, brouiller, fatiguer, fouetter, malaxer, touiller. || Mêler en écrasant (⇒ Broyer). || Mêler des drogues (⇒ Manipuler, mixtionner), des couleurs (→ Fondre, cit. 8). || Mêler des sons, des odeurs…1 Au-dessus de vos fronts les rameaux frémissantsMêlent leurs bruits, leurs voix, leurs parfums, leur encens (…)Hugo, la Légende des siècles, XXXVI, V.♦ Poét. || « La pâle mort mêlait ses sombres bataillons » (cit. 5, Hugo).b Réunir (des choses abstraites) réellement ou par la pensée de manière à former un ensemble (généralement considéré comme hétérogène par le locuteur). ⇒ Mélanger; confondre. || Mêler plusieurs sujets, plusieurs thèmes dans une œuvre (→ Amphibie, cit. 3; indiscret, cit. 14). || Napoléon mêlait les systèmes et les chimères (cit. 7). — Il mêle dans sa réprobation les gens les plus divers.2 (…) on y veut réunir (dans ces assemblées) ce qu'on sépare ailleurs,Mêler le beau langage et les hautes sciences (…)Molière, les Femmes savantes, III, 2.♦ Par ext. || Amoureux qui mêlent leurs regards, leurs soupirs. — Une caresse qui mêlerait leurs deux êtres (→ Étreindre, cit. 4).3 Se livrer tout entier sans rien garder de soi (…) n'être qu'un en deux corps, fondre et mêler ses âmes de façon à ne plus savoir si vous êtes vous ou l'autre (…)Th. Gautier, Mlle de Maupin, XV.4 (…) leurs yeux, se rencontrant sans cesse, s'interrogeaient, mêlaient leurs regards d'une façon intime, presque sensuelle, comme autrefois.Maupassant, Bel-Ami, I, VI.5 L'amour a nos âmes en une âme mêlées.R. Rolland, Jean-Christophe, Dans la maison, p. 927.2 (1664). Manifester à la fois dans sa personne (des qualités différentes ou opposées). ⇒ Allier, joindre. || Mêler la bonhomie (cit. 3) à la force. || Mêler des traits de caractère contradictoires.6 Si l'on pouvait mêler des talents si divers, peut-être qu'on voudrait penser comme Pascal, écrire comme Bossuet, parler comme Fénelon.Vauvenargues, Fragments, « Bossuet, Pascal, Fénelon ».3 (XIIIe). Mettre en désordre (de nombreux éléments rassemblés). ⇒ Brouiller, embrouiller, mélanger. || Il a mêlé tous mes papiers, toutes les notes que j'avais prises. || Mêler des écheveaux, des fils, des cheveux… ⇒ Emmêler, enchevêtrer, entremêler. — (Fin XVIIe). Vieilli. || Mêler les cartes. ⇒ Battre. Absolt. || C'est à vous de mêler.4 Ajouter (une chose) à une autre, mettre (une chose) avec une autre, dans une autre, et les confondre en un tout. ⇒ Mettre; ficher. — Mêler à… || Elle faisait mêler des aphrodisiaques aux aliments (→ Luxure, cit. 5). || Les genêts (cit. 1) mêlent leur arôme aux odeurs. || L'automne mêlait son or à la verdure (→ Goutte, cit. 24). — Fig. || Mêler le réel au fictif (cit. 3), la religion à la politique (→ Argumenter, cit. 4). || Mêler des détails pittoresques à un récit (→ Intérêt, cit. 25). — Mêler ses vœux à ceux de ses compagnons (→ 3. Gaillard, cit. 22).7 Et, mêlant son cri rauque au doux bruit de la mer,Un long vol de corbeaux tourbillonnait dans l'air.Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Massacre de Mona ».8 (…) mêlant, dans ses protestations, un français farouche à son arabe natal.G. Duhamel, Salavin, VI, VI.9 (…) des fleurs légèresQue tu mêlais parfois à tes cheveux dorésAragon, les Yeux d'Elsa, p. 33.♦ Mêler avec… ⇒ Mettre. || Mêler un métal avec un autre (→ Exiger, cit. 15). — Mêler la danse avec la musique (→ Effet, cit. 26).10 Il mêle avec l'orgueil qu'il a pris dans leur sangLa fierté des Nérons qu'il puisa dans mon flanc.Racine, Britannicus, I, 1.11 (…) entrez (…) dans cette affaire avec charité, et mêlez-y l'amitié que vous avez pour Mme de Grignan et pour moi avec l'aversion naturelle que l'on a pour les oppressions injustes (…)Mme de Sévigné, 656, 25 sept. 1677.♦ Mêler dans, parmi… || Mêler de faux (1. Faux, cit. 12) louis, de fausses pièces parmi d'autres.♦ Mêler de… || Mêler d'eau un vin, le couper. — Absolt. || Mêler du vin, le couper ou le frelater en y ajoutant un autre liquide. — Fig. || Mêler un pamphlet d'allusions médisantes. ⇒ Entrelarder.12 Nous ne voulons mêler ce dessein d'aucune autre chose (…)Mme de Sévigné, 347, 19 nov. 1673.13 Si quelquefois il vend du vin, il le fait mêler (…)La Bruyère, les Caractères de Théophraste, « De l'impudent… »5 (1538). Faire participer qqn à qqch. || Mêler qqn à une affaire (⇒ Associer), dans une affaire. ⇒ Impliquer; jeu (mettre en jeu).——————se mêler v. pron.A (V. 1228). Choses. Être mêlé, mis ensemble. || Substances qui peuvent se mêler (⇒ Miscibilité, miscible). || Odeurs qui se mêlent. ⇒ Marier (se); pénétrer (se). — Branches qui se mêlent. ⇒ Entrelacer (s'). — Peuples, races qui se mêlent. ⇒ Fusionner; → Inévitable, cit. 7. — Par ext. || Creuset (cit. 3) où se mêlent les religions, les cultes. — Fig. || Visions qui se mêlent dans l'esprit (→ Guerre, cit. 24). || L'ombre où se mêle une rumeur (→ Élargir, cit. 1, Hugo).14 (…) troncs, rameaux, feuilles, fibres, touffes, vrilles, sarments, épines, s'étaient mêlés, traversés, mariés, confondus (…)Hugo, les Misérables, IV, III, III.♦ Spécialt. || Les âmes se mêlent en l'amitié (cit. 1, Montaigne). — (Dans l'amour, et, spécialt, en parlant de l'union charnelle). ⇒ Unir (s'); → Assombrir, cit. 12; mariage, cit. 8.15 (…) les milieux enfin où l'enfance pousse en liberté, se mêle et s'unit selon ses instincts, sans retenue et sans contrôle (…)Pierre Louÿs, les Aventures du roi Pausole, IV, X.♦ Se mêler à…, avec… : se joindre, s'unir pour former un tout. || Sons qui se mêlent à des chants (→ Funèbre, cit. 4). || « Quand le crime (cit. 13) d'État se mêle au sacrilège ». — Les symptômes de l'admiration se mêlaient sur son visage avec ceux de la joie (→ Enthousiasme, cit. 12).16 L'orgueil sur son beau front, pour la première fois,Se mêle à la pudeur naïve.Hugo, Odes et Ballades, IV, III.17 À mesure que le râle devenait plus fort, l'ecclésiastique précipitait ses oraisons : elles se mêlaient aux sanglots étouffés de Bovary (…)Flaubert, Mme Bovary, III, VIII.18 Lorsque ces magiques syllabes, chargées d'une si riche émotion, se mêlaient au souffle harmonieux de la miraculée, il semblait qu'il subît une incantation.M. Barrès, la Colline inspirée, V.19 Son visage était ardent, révolté, presque beau, et l'impatience de vivre s'y mêlait à l'épouvante de mourir.Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 257.♦ Les plaisirs sont fades, s'il ne s'y mêle un peu d'amour (→ Agréable, cit. 15). || Il se mêle du dépit à sa colère. ⇒ Entrer (il entre… dans…).20 Nous avons la chance qu'il se mêle une question de conscience au jeu normal de l'offre et de la demande.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 70.B (Personnes).1 (1673). Se joindre à (un ensemble de gens), aller avec eux pour ne former qu'un seul groupe. || Ils se mêlèrent à nous (→ Familier, cit. 14). || Se mêler à la foule (→ Infiltration, cit. 3). — Vieilli. || Se mêler avec, parmi des gens (→ Courre, cit. 4; huile, cit. 10).21 Vêtu de noir, le chapeau à la main, l'huissier Maréchal, en effet, était venu se mêler au groupe.Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, VIe tableau, II.♦ Fig. || Se mêler à la vie de qqn. Par ext. || Il aurait voulu se mêler à toute cette nature, se fondre en elle (→ Enivrer, cit. 28).22 Du matin au soir, sans se bousculer ni perdre une minute, ils font ce qu'ils ont à faire. Ils croisent d'autres vies sans s'y mêler.Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 70.23 Il est sensible à l'animation de cette rue. Il y marche avec allégresse. Il s'y mêle avec sympathie.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, IV, p. 21.2 Participer à une activité, prendre part à… ⇒ Associer (s'), participer. || Assister au culte (cit. 4) sans s'y mêler. || Se mêler aux récréations de qqn (→ Gymnastique, cit. 1). || Se mêler à un combat, à une rixe. ⇒ Mêlée. || Se mêler aux querelles théologiques (→ Gallican, cit. 2), aux affaires de son temps (→ Gaieté, cit. 9). — Littér. || Se mêler à… (un sentiment).24 Je n'ose pas aller me mêler à cette douleur (…)Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 381.25 Ils appartenaient à un parti. Ils se mêlaient à tous les grands remous sociaux (…)Giraudoux, Bella, I.3 (V. 1155). Spécialt. || Se mêler de… (suivi d'un substantif, d'un infinitif). ⇒ Occuper (s'occuper de). || Il est absurde de dire que Dieu ne se mêle point du gouvernement des peuples (→ Établissement, cit. 2, Bossuet).26 L'empereur se mêlait de toutes choses (…)Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 61.27 La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.Valéry, Rhumbs, p. 105.♦ ☑ Loc. Le démon (cit. 20), le diable s'en mêle.♦ Fig. || Si le cœur (cit. 158), la passion s'en mêle. || La spéculation s'en était mêlée (→ Fabuleux, cit. 9). || La famine (cit. 2) s'en mêlait.28 (…) c'est ainsi qu'un enfantillage devient grave quand l'orgueil s'en mêle, et qu'on s'est brouillé quelquefois pour moins encore qu'un coussin brodé.A. de Musset, Nouvelles, « Deux maîtresses », IX.♦ Que chacun se mêle de ses propres affaires (→ À chacun son métier et les vaches seront bien gardées). — ☑ (XIIIe). Péj. Mêlez-vous de vos affaires (cit. 20 et 21), de ce qui vous regarde. ☑ Se mêler des affaires d'autrui (cit. 27). ⇒ Entremettre (s'), entrer, fourrer (cit. 14), immiscer (s'), ingérer (s'), intervenir, introduire (s'). → Fourrer son nez dans, et aussi calmer, cit. 15.3; insinuer, cit. 17; intrigant, cit. 1. Importun qui se mêle de tout. ⇒ Ardélion (vx), touche-à-tout. || Se mêler du travail de qqn. ⇒ Toucher (à). — ☑ De quoi se mêle-t-il, celui-là ? (On emploie parfois dans la langue populaire la première personne pour la deuxième : De quoi je me mêle ?). — ☑ Loc. fam. Mêle-toi de tes oignons ! — (1637). Avoir la prétention de… || Se mêler de réformer, de corriger (cit. 17) le monde, de faire qqch. (→ Garçon, cit. 18; jamais, cit. 5). || Depuis qu'il se mêle de faire le joli cœur… || Il se mêle de publier ses vers, quelle infatuation !29 Mêle-toi de donner à téter à ton enfant, sans tant faire la raisonneuse.Molière, le Médecin malgré lui, II, 1.30 Il ne faut point se mêler d'élever un enfant quand on ne sait pas le conduire où l'on veut par les seules lois du possible et de l'impossible.Rousseau, Émile, II.31 — De quoi vous mêlez-vous ? Je suis femme, il me convient de dire des femmes tout ce qu'il me plaira; je n'ai que faire de votre approbation.Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 589.32 (…) nous nous mêlons de tout maintenant, nous feignons de nous intéresser à des tas de choses qui ne nous regardent pas; nous voudrions tant nous intéresser à quelque chose !R. Rolland, Jean-Christophe, La foire sur la place, p. 738.33 Voilà ce qui arrive quand le bon Dieu se mêle de nos affaires. Et toi, mêle-toi des tiennes !Claudel, l'Annonce faite à Marie, IV, 1.4 S'aviser de… || Lorsqu'il se mêle de travailler, il réussit mieux qu'un autre. || Quand il se mêle d'avoir du bon sens, il en a, et du meilleur (→ Garantie, cit. 5).——————mêlé, ée p. p. adj.1 Qui forme un mélange (avec). || Mêlé à… || Sucre mêlé au vin (→ Cordial, cit. 2). || Fumée mêlée à de la poussière (→ Flotter, cit. 4). — Lueur (cit. 2) mêlée à un reflet. || Chants mêlés au son des guitares (→ Apporter, cit. 10). — Fig. Uni, joint (à). || Gaminerie (cit. 1) mêlée au bon sens.34 (…) la tendresse que j'ai pour vous (…) me semble mêlée avec mon sang, et confondue dans la moelle de mes os (…)Mme de Sévigné, 869, 8 nov. 1680.35 Les annales humaines se composent de beaucoup de fables mêlées à quelques vérités (…)Chateaubriand, Vie de Rancé, p. 62.♦ Spécialement :36 Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi,Ô Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre,Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre,Elle à demi vivante et moi mort à demi.Hugo, la Légende des siècles, II, « Booz endormi ».♦ Absolt. || Couleurs mêlées, tons mêlés (→ Gris, cit. 23). || Voix mêlées (→ Excuser, cit. 11). — Spécialt. || Races mêlées (→ Captif, cit. 2). — Littérature et philosophie mêlées, de Hugo. — Fig. || Sentiments étroitement mêlés.37 (…) le vin et le pain, mêlés ensemble (…)Molière, le Médecin malgré lui, II, 4.38 Tout cela bouillonnait ensemble, colère, honte, vague espoir, mêlés dans cette âme trouble.Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, VI.39 « Aimons, aimons ! » disaient vos voix mêlées (…)Verlaine, Parallèlement, « Les amies », III.40 Toutes les nations se trouvent ici mêlées, toutes les confessions, toutes les langues.Gide, Journal, 21 janv. 1946.2 Mêlé de : qui est entré en mélange avec (qqch. d'autre). || Vin mêlé d'un autre vin, d'alcool, d'eau. ⇒ Mouillé, tempéré (→ Bord, cit. 14; frelaté, cit. 2). || Vert mêlé de bleu. || Cris mêlés de rires (→ Effaroucher, cit. 12). || Grec mêlé d'hébraïsmes (cit. 1).41 (…) quelques plaintes mêlées de beaucoup de sanglots.Molière, les Fourberies de Scapin, I, 2.♦ Par métaphore :42 Cinq cents blancs, quinze cents nègres, mêlés de mulâtres, de Javanais et de Chinois composent la population de l'île (Sainte-Hélène).Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 69.♦ Fig. || Plaisir mêlé de douleur, de peine (→ Gratter, cit. 22). || Joie mêlée de larmes (→ Croix, cit. 11; élégie, cit. 2). || Trouble mêlé de désirs (→ Ardent, cit. 35).43 Mais chez vous (dans les grandes villes), rien n'est pur — au sens brut. Tout est mêlé. Le oui est mêlé de non, le non mêlé de oui, et le vrai mêlé de faux, et le sain de gâté.R. Rolland, le Voyage intérieur, p. 127.3 a Absolt. Qui comporte, qui contient plusieurs choses mêlées, mélangées. || Style mêlé. ⇒ Varié (→ Argot, cit. 9). || Monde mêlé; assemblée, société mêlée. ⇒ Bigarré, composite (→ Herbe, cit. 22).44 Des rassemblements mêlés, peuple et bourgeois, habits et vestes, eurent lieu et dans les cafés, et aux portes des cafés, au Palais-Royal, au faubourg Saint-Antoine, au bout des ponts, sur les quais.Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, VIII.♦ Spécialt. Qui contient des éléments de valeur, de qualité inégale.45 Vous trouverez (…) les rondeaux de Benserade : ils sont fort mêlés; avec un crible, il en demeurerait peu (…)Mme de Sévigné, 590, 21 oct. 1676.46 — Quelle compagnie y trouvèrent-ils ? — Mêlée. — Qu'y disait-on ?— Quelques vérités, et beaucoup de mensonges.Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 522.b Mêlé de… et de… : composé, fait, en tout ou en partie, de… || Sauce mêlée d'huile et de jaune d'œuf (→ Harmonieusement, cit.). || Discours mêlé de français et d'italien (→ Incohérent, cit. 3). || « Tout au monde est mêlé d'amertume (cit. 4) et de charme », de bien et de mal (→ Génie, cit. 1).47 Comédie mêlée de musique et de danses.Molière, le Malade imaginaire (titre).48 (…) l'eau transparente et sombre, mêlée de reflets et de lueurs (…)Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, « Dessins V. Hugo ».4 (Personnes). || Être mêlé à un groupe, dans la foule, dans un rassemblement (→ Individu, cit. 23). — Les hommes et les femmes sont mêlés dans l'assistance.49 Justiciables et simple public debout, mêlés dans le même cercle (…)Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 143.♦ Impliqué, associé. || Mêlé dans une affaire, à une affaire.50 Et vous êtes mêlés dans cette affaire aussi.Molière, le Misanthrope, V, 4.51 (…) des scholiastes le soupçonnent d'avoir été mêlé à quelque vol de grand chemin.Jules Lemaître, Impressions de théâtre, 3e série, « Villon ».❖CONTR. Cribler, démêler, dissocier, isoler, séparer, trier. — Discerner. — Arranger, classer, disposer. — Développer. — Abstenir (s').DÉR. Mélange, mêlée, mêlement.COMP. Démêler, emmêler, entremêler, remêler. — Mêlé-casse ou mêlécasse, mêle-tout, méli-mélo, pêle-mêle.HOM. Mêlée.
Encyclopédie Universelle. 2012.